Février 2021
Formation infirmière
Toutes les infirmières et tous les infirmiers ont appris que les soins infirmiers se doivent d’être personnalisés et de même qualité pour toute personne, famille ou communauté, quel que soit sa culture. Tant les conceptions de la discipline infirmière que les codes de déontologie rédigés dans les divers pays orientent et interpellent les responsables de la formation infirmière vers un enseignement qui soutienne le développement de compétences infirmières chez la relève afin que cette dernière contribue, par sa pratique, à diminuer les disparités en matière de santé. Par ailleurs, cet enseignement se doit aussi d’être culturellement sécuritaire.
À partir de divers écrits, Leclerc et collègues (2018, p. 50) proposent que « la sécurisation culturelle désigne des soins qui sont prodigués dans le respect de l’identité culturelle du patient, qui visent l’équité et qui sont exempts de relations de pouvoir nocives entretenues par le système de santé dominant. » Il est certainement intéressant de savoir que ce sont des infirmières leaders néozélandaises d’origine maorie qui, en concertation avec des communautés Maori, ont proposé ce concept, dans le but de faire charger des pratiques et politiques de santé. Le concept est désormais adopté par divers professionnels de la santé, ainsi que des gouvernements. En comprenons-nous la portée et visons-nous la sécurisation culturelle par et dans nos environnements de soins et de formation ? Quels moyens mettons-nous en place pour instiller cette « approche » de soins et de formation, en particulier avec les Premiers Peuples dans nos pays respectifs ?
Les articles résumés dans ce numéro du S@voir Inf. – Formation infirmière incitent formatrices, formateurs et gestionnaires de formation d’abord à prendre conscience, individuellement et collectivement, que nous sommes porteurs d’une culture, d’une histoire et de biais inconscients. Les auteurs amènent à réaliser qu’il ne s’agit pas d’ajouter des contenus aux cours actuels sur la question de la sécurité des patients et de la compétence culturelle des infirmières, mais bien davantage d’examiner, de manière critique, l’ensemble de nos processus. Il s’agit en fait d’un changement de paradigme qui imprégnera l’ensemble du curriculum. Si les soins et la formation infirmière montrent déjà une grande sensibilité et un accueil aux diversités, il reste un chemin à parcourir pour ce véritable changement. Ce faisant, il ne s’agit pas non plus d’adopter une vision dichotomique qui caractérise la majorité des soignants et des formateurs comme étant des oppresseurs, mais bien de comprendre les expériences de santé inéquitables en décortiquant leurs dimensions sociopolitiques (Browne, 2017). Le développement d’une pensée critique chez nos étudiantes et étudiants, et la co-construction avec des communautés concernées, à la manière des infirmières néozélandaises et certainement d’autres infirmières de la francophonie, sont des pistes d’action à mettre en œuvre dans nos milieux de formation.
Un point de départ pourrait être l’écriture ou la révision des référentiels de compétences infirmières à la base de nos programmes de formation universitaire, dans un esprit de co-construction. Le Référentiel de compétences des infirmières des communautés Premières Nations du Québec, rédigé par un collectif comprenant des infirmières de 17 communautés, pourrait servir d’exemple. Ensemble, le Collectif (2017, p. 8) a choisi de nommer ainsi la première compétence : « prodiguer des soins culturellement sécuritaires à la personne, la famille et la communauté, soit intégrer l’histoire et la culture de la personne, la famille et la communauté dans toutes les interactions et activités infirmières, et établir un dialogue et des relations avec la personne, la famille et la communauté. »
Les réalités sont différentes d’un pays à un autre dans la francophonie. Il importe de nous approprier ce changement paradigmatique, tant pour des actions dans nos milieux de formation respectifs que pour nos travaux internationaux collectifs.
Nous vous souhaitons bonne lecture de ce numéro du S@voir inf. – Formation infirmière ! Faites-nous part de vos commentaires !
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