Quel est l’état actuel de la situation de la pandémie de COVID-19 en République démocratique du Congo ?
Notre premier cas enregistré date du 10 mars 2020: un Congolais résidant en France, venu pour les affaires, qui a présenté des symptômes dès le lendemain de son arrivée. L’état d’urgence a ensuite été déclaré le 24 mars avec la fermeture des frontières, mais, parmi les passagers des derniers vols, plusieurs personnes étaient infectées. C’est par la suite que nous avons commencé à enregistrer des cas autochtones¹.
Parmi les personnes infectées se trouvaient des députés, les membres du gouvernement, les cadres de la présidence et des entreprises. La rentrée parlementaire du 15 mars a été une occasion pour contaminer en grand nombre des représentants de ces institutions, car beaucoup d’entre eux revenaient de l’étranger.
Il n’y a pas eu de dépistage de masse, en raison du manque de réactifs, et, jusqu’en mai, tous les échantillons du pays étaient analysés à Kinshasa. Si l’on avait fait des tests de masse, on aurait peut-être plus de cas que ceux déclarés aujourd’hui. Mais il y a une situation qui nous réconforte un peu, c’est que, aujourd’hui, les «tests voyageurs²», qui sont un bon baromètre pour pouvoir jauger de l’augmentation des cas, ont une moyenne de 14% de positivité. Là aussi, il faut dire que ce sont les personnes qui ont un peu plus de moyens qui voyagent.
Kinshasa est la province la plus touchée, en raison de la porosité des frontières, de la taille de la population (plus ou moins 14 millions) et des déplacements internes. Suit ensuite le Nord Kivu, déjà frappé par l’épidémie d’Ebola pendant 2 ans, ayant de nombreuses frontières avec les pays voisins, sans compter beaucoup de foyers d’insécurité qui constituent un obstacle pour le suivi des cas et le contrôle de l’infection, et un déni de la situation par la population.
1 Cas résultant d’une transmission communautaire
2 Le test voyageur est systématique pour les Congolais qui doivent sortir du pays ou voyager à l’intérieur du pays