Février 2019
Qualité des soins et sécurité des patients
Dans un récent éditorial intitulé Nursing must acknowledge and address systemic problems which lead to poor care1, les auteurs Ian Norman et Peter Griffiths font un vibrant appel à la profession infirmière afin qu’elle reconnaisse et intervienne sur les causes systémiques de la dégradation rapide de la qualité des soins observée au cours des dernières années. Ils se questionnent même à savoir si la dégradation rapide de la qualité des soins serait devenue la nouvelle norme. La profession a évolué au cours des dernières années vers des rôles de plus en plus spécialisés comme par exemple, le développement des rôles de pratiques infirmières avancées. Ainsi la profession se serait-elle désintéressée de l’encadrement et la supervision clinique des soins de base dispensés aux patients et leur famille. Le manque de personnel est aussi une raison fréquemment évoquée pour justifier cette situation. Par ailleurs, de nombreuses études ont démontré que les infirmières ayant un niveau de formation universitaire ont un impact direct sur la qualité des soins et la sécurité des patients, sans oublier une très grande satisfaction des patients face aux soins reçus.
Cet éditorial a particulièrement interpellé les membres du conseil consultatif sur la qualité des soins et la sécurité des patients. Nous avons donc choisi, dans ce S@voir Inf., de vous présenter un tour d’horizon d’acteurs qui ont remis en question plusieurs des causes systémiques décrites par Norman and Griffiths. Parmi les causes présentées dans ces articles, notons l’organisation même du système de santé qui est encore très hospitalo-centriste ou encore des éléments plus structuraux tels que l’impact de la présence des aides-soignantes (infirmières auxiliaires) sur la sécurité des soins. D’autres articles font appel à différents leviers comme le leadership infirmier pour être en mesure d’agir sur ces causes. L’article de Ducharme, qui est un résumé de la conférence présentée lors du dernier congrès du SIDIIEF à Bordeaux (2018), en est un exemple éloquent.
Finalement, il faut, à travers cette remise en question et ces changements, ne pas perdre de vue l’essence même de la profession basée sur la relation privilégiée que nous avons avec les patients et qui est teintée de compassion. Le caring ou l’humanisation des soins à travers le temps et les enjeux systémiques peut parfois être difficile. Le risque qu’une certaine fatigue s’installe est bien présent. Un article porte sur ce phénomène que les auteurs appellent la fatigue de compassion. Les travaux de ces auteurs nous aident à mieux définir ce phénomène, un prérequis nécessaire pour intervenir efficacement.
1Norman, I. et Griffiths, P. (2018). « Nursing must acknowledge and address systemic problems which lead to poor care ». International Journal of Nursing Studies https://www.sciencedirect.com
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