L’expertise vaccinale infirmière, au-delà de l’injection
Article publié le : 19 janvier 2021
De grands espoirs pour 2021
L’année 2020 a été des plus éprouvantes pour nous tous : des mois de solitude, de confinement, de distanciation sociale, d’inquiétudes et de deuils. Des mois de travail éreintant en première ligne pour beaucoup. Toutefois, nous entamons l’année 2021 avec une nouvelle énergie, portés par l’espoir de jours meilleurs grâce au vaccin tant attendu. La vaccination a commencé partout dans le monde et, dans les prochains mois, nous devrions pouvoir accélérer la cadence et accroître l’immunité de la population contre la Covid-19. Tous, et particulièrement les infirmières et les infirmiers, sont appelés à mettre l’épaule à la roue pour nous assurer que le déploiement vaccinal soit un succès logistique, communicationnel et éthique.
De la variole à la COVID-19, les leçons apprises
« Au cours des deux siècles derniers, les vaccins ont permis d’éradiquer la variole, de réduire les taux mondiaux de mortalité infantile et de prévenir de nombreuses malformations congénitales et incapacités permanentes telle que la paralysie causée par la poliomyélite ». – Organisation mondiale de la santé (OMS)
L’OMS nous rappelle que la découverte des vaccins est considérée comme l’une des plus grandes réalisations de l’humanité. La variole, après avoir causé plus de 300 millions de morts à l’échelle de la planète au XXe siècle, a été totalement éradiquée grâce à l’élaboration d’un vaccin efficace et sûr, dispensé dans le cadre d’une campagne de vaccination mondiale. Il faut se rappeler que celle-ci a duré près d’une décennie avant que nous ayons pu observer une baisse du nombre de nouvelles infections. Les spécialistes ont alors compris ce qu’est l’immunité de groupe. La lutte contre la variole est ainsi considérée comme l’une des plus grandes réalisations en santé publique de l’histoire.
En ce début d’année 2021, nous continuons d’écrire l’histoire de la vaccination avec cette lutte planétaire contre la Covid-19, et ce, à une vitesse incroyable. L’urgence induite par cette course contre la montre a permis d’accélérer et de coordonner tous les efforts de recherche-développement. En réunissant les plus grands spécialistes de la vaccinologie au monde, des essais cliniques portant sur des vaccins candidats contre le coronavirus ont rapidement été mis en route et nous avons aujourd’hui, à notre disposition, en quelques mois seulement, une solution sûre et sécuritaire.
Cependant, la bataille n’est pas encore gagnée, mais la victoire est à notre portée. Nous entrons dans une phase à double temporalité : rythme effréné de vaccination de masse et maintien constant des efforts de protection pendant encore plusieurs mois.
En route vers une année de lutte, d’organisation… et de patience
Malgré l’arrivée du vaccin, l’OMS émet une mise en garde et nous exhorte à faire preuve de patience. « Nous n’allons pas atteindre […] l’immunité collective en 2021 ». Le déploiement des vaccins, quand il s’agit de milliards de doses, « prend du temps ». L’OMS nous a ainsi rappelé l’importance de maintenir les mesures de protection, comme la distanciation physique, le lavage des mains et le port du masque, pour contrôler la pandémie le temps d’atteindre la couverture vaccinale tant espérée.
À l’instar de la lutte contre la variole, des efforts constants et soutenus devront être déployés au cours de la prochaine année. Pour y parvenir, tous les professionnels de la santé sont appelés à collaborer à cette campagne de vaccination mondiale. Car, pour gagner ce combat, il faut lever toutes les barrières à l’accès au vaccin.
Déployer le plein potentiel de l’expertise infirmière
Face à ce défi sans commune mesure et dans un contexte de pénurie d’infirmières et d’infirmiers, les décideurs cherchent des solutions efficaces pour une vaccination massive et urgente. La question pressante à laquelle il faut répondre : qui préparera et administrera les vaccins ? La question divise et la réponse encore plus ! On voit poindre différentes options logistiques qui heurtent notamment la profession infirmière, déjà déçue du peu de reconnaissance de son expertise et de sa contribution dans la gestion de la crise sanitaire.
En Belgique, par exemple, le ministre de la Santé a affirmé que « N’importe qui peut vacciner ». Il a donc décidé d’accorder, de manière urgente et temporaire, la possibilité de déléguer « la préparation et l’administration de vaccins contre la Covid-19 à du personnel non formé ».
Au Québec, un arrêté ministériel a été adopté afin de permettre à des étudiants et à des professionnels du milieu de la santé de vacciner la population contre la grippe ou la Covid-19. Le ministre de la Santé et des Services sociaux a ainsi fait appel à 30 corps de métier pour vacciner la population.
En France, « tous les professionnels de santé, sauf les pharmaciens pour le moment, peuvent participer à la campagne vaccinale, ainsi que les étudiants en santé dans la limite de leurs compétences en matière de vaccination ». Les infirmiers peuvent pratiquer les injections des vaccins à condition qu’un médecin puisse intervenir à tout moment. Le médecin généraliste « est au cœur du dispositif, en particulier le médecin traitant », indique le ministère de la Santé sur son site internet.
Ces décisions amènent leurs lots de réactions au sein de notre profession. Toutefois, la réalité, rappelons-le, est que nous sommes dans une opération planétaire où il faut vacciner le maximum de personnes en un temps record. Pour atteindre l’immunité collective, un accès gratuit, rapide et facilité au vaccin sont les éléments-clés. Dans un tel contexte, les défis sont de taille.
Les infirmières et les infirmiers soutiennent cet objectif mondial : vacciner le plus grand nombre dans les meilleurs délais et, faut-il le souligner, dans des conditions sécuritaires. Réduire la contribution infirmière à « l’injection » serait méconnaître l’ampleur de l’expertise infirmière. En effet, l’expertise infirmière en vaccination dépasse largement la préparation et l’administration du vaccin. La profession infirmière assume un rôle important pour assurer la sécurité des patients lors de la vaccination. En tant que professionnels de la santé de première ligne, les infirmières et les infirmiers ont un rôle multiple, et sont des acteurs-clés de la vaccination. Ils contribuent non seulement à administrer les vaccins, mais également à assurer la sécurité des patients au moment de la vaccination, accroître l’accessibilité à la vaccination, informer les patients, les familles et les communautés, contrer la désinformation, promouvoir et recommander la vaccination.
Administrer un vaccin est un geste technique qui peut être exécuté par plusieurs personnes; il suffit de maitriser la technique. En revanche, poser un jugement clinique lors de la vérification de l’histoire vaccinale de la personne, déterminer la pertinence de vacciner ou non une personne en fonction de son état de santé, connaître les indications et les contre-indications à la vaccination, assurer la surveillance requise immédiate après la vaccination et intervenir en cas de réaction allergique sévère, ajuster un calendrier de vaccination pour tenir compte de la condition particulière d’un individu, rassurer un parent face à ses inquiétudes pour son enfant : voilà autant de responsabilités professionnelles qui requièrent formation et compétence. C’est ici que réside l’acte infirmier non délégable à autrui. C’est ici que se manifeste la valeur ajoutée de l’expertise infirmière.
En somme, le rôle de l’infirmière et de l’infirmier est d’assurer la sécurité des patients et l’atteinte de l’objectif global de couverture vaccinale. L’infirmière doit s’assurer que les services de vaccination soient bien organisés et que l’administration du vaccin respecte les bonnes pratiques. Elle doit également assurer un soutien et un encadrement clinique auprès des vaccinateurs, en leur fournissant une supervision constante. C’est pourquoi la présence d’infirmières et d’infirmiers, au moment de la vaccination, est incontournable.
Dès lors, comment refléter notre pleine contribution ?
« Le SIDIIEF fait appel aux infirmières et aux infirmiers à constamment innover, à démontrer leur leadership et à rester mobilisés sur cet enjeu majeur de santé publique. Leur capacité à contribuer à des campagnes de vaccination performantes, leur attitude positive par rapport à la vaccination et leur habileté à soutenir la prise de décision libre et éclairée dans un contexte multiculturel constituent les éléments phares de l’atteinte des objectifs de couverture vaccinale dans le monde. Leur rôle, multiple et majeur, s’avère incontestablement l’une des pierres angulaires des stratégies et actions efficaces en matière d’immunisation ». – SIDIIEF
Comme le SIDIIEF l’a rappelé dans sa prise de position sur la vaccination (2020) : « les infirmières et les infirmiers sont un puissant levier pour l’atteinte des cibles de couverture vaccinale. Étant le groupe professionnel majoritaire dans tous les contextes de soins, leur travail est au cœur des stratégies de santé publique et contribue significativement à la réduction et au contrôle des maladies infectieuses ».
En tant qu’infirmière, il est de notre responsabilité de collaborer aux efforts collectifs pour assurer une couverture optimale contre la Covid-19, et ce, dans les meilleurs délais et de manière sécuritaire. C’est pourquoi il est essentiel d’apporter un regard éclairé par la discipline infirmière sur le déploiement des campagnes de vaccination. Mais, pour être en mesure de jouer pleinement notre rôle, il nous est crucial d’acquérir davantage d’autonomie et de responsabilités dans le processus de vaccination de tous les pays.
Plus que jamais, il faut donner notre avis et nos recommandations pour l’organisation et l’encadrement des campagnes de vaccination en rappelant notre expertise. Nous devons redoubler d’efforts pour réaliser notre mission et éclairer le débat public sur la mise en place des campagnes de vaccination. Malgré l’urgence et l’ampleur de la tâche, nous devons prendre le temps d’expliquer clairement notre contribution et notre rôle essentiel pour la réussite de cette opération mondiale de santé publique.
Mettons des mots sur notre expertise, des visages sur nos compétences!
Face à l’importance de cette contribution, le SIDIIEF demeure on ne peut plus motivé à poursuivre ses activités de mise en valeur du rôle infirmier. C’est pourquoi il a lancé un dossier spécial sur la vaccination et appelle tous les organismes et professionnels infirmiers à collaborer au développement de cette page, en partageant leurs expériences, prises de position, études, recommandations et tout élément pertinent.
J’ai lu avec intérêt le commentaire de la responsable sur la vaccination. Effectivement il n’est pas bon que des non professionnel le fasse. En même temps il y a le problème de personnel qui se pose. Il reste qu’il faut absolument que ces personnes soit sous la supervision du personnel qualifié, et je pense qu’il faut envisagé des équipes avec à leur tête un agent de santé.
Du reste ce problème ne se posera pas à notre niveau car il y a en nombre du personnel pour le faire au Burkina Faso s’il faut on associera les étudiants infirmiers de la troisième année aux équipes de vaccination.
Pour rappel ici il n en ai rien pour la vaccination on attend que les pays développés finissent et pense à nous, c’est dommage mais c’est la réalité.
Cordialement.